Différenciation sexuelle
Il est des réalisations qui sont le fruit des échanges, des découvertes et des évolutions techniques... Laissez-moi vous parler ici de la différenciation sexuelle de Mélanie Fenaert... ou plutôt de son jeu de cartes destiné à faire découvrir les conditions physiologiques et génétiques de la transformation de l’appareil génital de l’embryon à partir d’un stade indifférencié.
En 2005 (houlà !), je développe Différenciation sexuelle, une application reprenant les expériences de Jost. Par le biais d’ablations, de greffes, d’implants hormonaux, le scientifique montre le rôle des gonades (organes reproducteurs) et de leurs sécrétions dans la transformation des voies génitales (utérus, spermiductes etc). Afin de sortir de l’analyse statique des résultats expérimentaux, souvent issus du manuel scolaire, je décide de créer une simulation interactive permettant aux élèves de choisir et de mixer les expériences possibles. Certains la qualifieront de jeu sérieux, mais ici aucune mécanique de jeu n’est exploitée hormis l’interactivité. Je ne voyais à l’époque qu’une façon de dynamiser cette séance grâce au numérique (on parlait d’ailleurs de TIC !) et d’offrir aux élèves une possibilité de réfléchir à plusieurs. La technologie utilisée (FLASH) permettait aussi de générer un peu de suspense grâce à des animations qui dévoilaient progressivement les résultats expérimentaux.
C’est cette même technologie qui est à l’origine du jeu de cartes de Mélanie. En effet, avec l’évolution des équipements et des règles de sécurité, FLASH est de plus en plus difficile à utiliser, notamment avec des tablettes. Il y a peu, Virginie, une collègue de Mélanie, lui fait part de son désarroi de ne plus pouvoir, sans PC à disposition, utiliser Différenciation sexuelle ni Detsex de Jean-Marc Moullet et Rémi Debrock, un autre logiciel sur la même thématique. S’inspirant du récent détournement du jeu UNLOCK par Guillaume Berthelot [1] et s’appuyant sur ses connaissances dans la ludification des apprentissages, notamment via les escape games pédagogiques, Mélanie se lance le défi de créer un jeu de cartes permettant de dynamiser l’étude des expériences de Jost.
Elle va au-delà du jeu initial, proposant ici non pas des associations de deux, mais de trois ou quatre cartes. Ainsi les élèves peuvent sélectionner l’état initial de l’appareil génital et le sexe chromosomique de l’individu. Ils choisissent ensuite l’opération à réaliser, ainsi que l’implant à ajouter [2]. Un implant neutre a même été créé pour l’occasion. Ils déposent les cartes à associer sur le plateau inspiré de celui du ScapOscope [3], additionnent les nombres qu’elles portent et retournent la carte correspondant à la somme. Celle-ci fournit le résultat de l’expérience ainsi simulée.
Même si les consignes qui apparaissent au fur et à mesure du jeu semblent relativement dirigistes sur le choix des cartes à tirer, les associations restent libres. Chacun peut y aller de son hypothèse et la confronter aux résultats. Il est possible d’être trois ou quatre sur un même paquet alors qu’il est plus délicat d’être plus de deux autour d’un PC. Ce n’est pas un jeu à proprement parler et encore moins un escape game : pas d’enjeu spécifique, pas de scénario autre que de répondre à la problématique [4]. Mais la méthode est une manière intelligente de créer du dynamisme et des échanges au sein du groupe classe. L’enseignant a d’ailleurs toute liberté d’ajouter des règles pour guider les stratégies à adopter et favoriser les échanges entre les équipes.
Mélanie a utilisé le modèle de cartes proposé cet été par S’CAPE [5], quelques captures d’écran du logiciel d’origine enrichies de quelques images issues de Freepik, afin de nous proposer un outil bien utile aux professeurs de SVT, mais dont le principe pourra facilement être adapté à d’autres situations pédagogiques.
[2] Ils pourront également se tourner vers des manipulations génétiques.
[3] Mélanie s’est d’ailleurs aussi inspirée du ScapOscope pour nommer son jeu : Le sexOscope ;-)
[4] Ou alors toutes les séances de SVT sont des jeux !
[5] Il s’agit du modèle créé pour les besoins du ScapOscope et mis à disposition des enseignants.
le 17 septembre 2019