La recette du Bonheur
Article et ressources sur le site de la Dane de Créteil
Le secret de la recette (Kit complet)
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C’est l’effervescence aujourd’hui à l’ESPE de Tours, parmi les IEN, les professeurs-formateurs, les conseillers pédagogiques et les enseignants-stagiaires du premier degré… Intelligence collective, robots, réflexion, semoule et concertation… qu’est-ce qui se cache derrière tout ça ?
Les joueurs se sont vus lancer un défi par un chef-cuisinier à l’accent
approximatifpourrichantant : retrouver LA recette du bonheur en moins d’une heure !
Le contexte de création du défi-évasion joué ici est très particulier. Catherine Massicot, Dane-adjointe, et Patrice Nadam, formateur à la Dane de Créteil, ont l’idée en mai dernier, dans le cadre du groupe GREID premier degré [1], de concevoir un escape game pédagogique transposable.
Un projet qui a germé rapidement et pour lequel Aline Lemoine-Larivière, professeure des écoles en SEGPA, Christophe Ansart, conseiller pédagogique départemental culture scientifique, et Yannick Choulet, professeur des écoles, ont accepté de participer.
Yannick : « J’avais déjà créé deux escape games en classe de Cycle 3, joués le dernier jour d’école à la place des traditionnels jeux de société. »
Christophe : « C’est Yannick qui a proposé de faire un escape game en mathématiques. J’ai approuvé car mes connaissances en mathématiques équilibraient ma méconnaissance des escape games. »
Aline : « J’avais montré des trucs sur Twitter (ndlr : concernant un premier escape game) et Patrice avait checké l’organisation avant et était venu le voir dans ma classe. Suite à cela, on m’a proposé d’intégrer le GREID et de créer un escape game maths numérique. »
Un groupe de réflexion s’est ainsi constitué : un savant mélange de novices et d’initiés aux compétences complémentaires, accompagnés par des formateurs confirmés chapeautant le projet.
L’orientation mathématiques a été retenue. La discipline se prête très bien à la modalité escape game et au jeu des énigmes, les jeux mathématiques étant très investis et utilisés en maternelle et primaire. Cette pratique pédagogique est ancrée en classe. Les enseignants s’en emparent et proposent des jeux de manipulation et réflexion à leurs élèves.
C’est dans cet esprit collaboratif que la sauce a pris, après un premier test : une session de formation à Énigma [2]. Les ingrédients étaient réunis.
À Tours, la vidéo laisse place à un four rutilant, n’attendant que quelques réglages… mais lesquels ? La fouille de l’espace met rapidement à jour toute une batterie de cuisine : de petits sacs de toile, une note tachée, un pot cadenassé rempli d’amandes, des emballages d’ingrédients, la notice d’un four, le diplôme du chef, un rouleau à pâtisserie en bois. Des documents attirent l’attention : deux marque-pages dans les magazines, des fiches type Incollables nommées l’ingrédient mystère, mais aussi plusieurs cartes plastifiées portant des textes, des opérations mathématiques avec symboles culinaires, ou encore des successions de flèches. Le tablier accroché au cintre semble en mauvais état, en le manipulant une lanière se détache. Tiens, elle ne tenait que par un scratch... étrange.
Dès le départ, au sein de la petite équipe de travail cristolienne, chacun apporte sa spatule pierre à l’édifice et met ses connaissances et compétences au service du projet.
Aline : « Première rencontre on a joué à Énigma puis on a commencé à lister les compétences de maths que l’on voulait mettre en avant. Puis chacun de notre côté on a pensé à une idée de scénario. »
Une création à plusieurs mains s’amorce. Ce premier temps de concertation permet de rédiger la liste des courses compétences mathématiques qui pourront être mises en œuvre dans l’escape game. Un point de départ indispensable dans cette phase de création. Les objectifs pédagogiques et les notions réinvesties par les élèves sont pré-définies. Le temps de laisser la préparation reposer puis... Aux fourneaux ! Un deuxième temps de réunion permet de définir le public visé, ainsi que le contenu pédagogique, le temps de cuisson imparti et le nombre de participants. Et plus que tout, une ligne de conduite à tenir.
Patrice : « Le scénario du jeu doit être crédible, cohérent et original. »
L’idée est de faire plaisir aux papilles gustatives et cognitives des élèves, en révisant le programme de mathématiques et en s’amusant. Ni une ni deux, le principe de la recette est adopté : faire faire des maths ludiques au quotidien. La mission des élèves serait donc de compléter une recette.
Aline : « L’escape game prend bien en compte les compétences du cycle 3. Pour les élèves en fin de CM1, il constitue une occasion de réviser des notions. En début de CM2 ou 6e, il peut être abordé comme support de réinvestissement. »
Chacun mitonne réfléchit à des énigmes durant cette journée. Le chef de cuisine Patrice mijote peaufine ensuite le scénario dans la nuit. La recette du Bonheur sera le titre de l’escape game. La suite du travail se fera à distance. Les tâches sont réparties, à chacun d’améliorer ses énigmes.
Yannick : « Chaque membre du collectif avait apporté énigmes et propositions. Ces énigmes ont été intégrées par Patrice dans un organigramme très détaillé. Il a aussi créé un four virtuel, ainsi qu’un document collaboratif visant à recueillir les visuels des énigmes et leur description. Ensuite, nous avons imaginé l’ordre des énigmes, ce que chacune devait entraîner. »
Une mécanique culinaire de jeu bien orchestrée, aboutissant vers un scénario convergent. La recette du bonheur s’adressant aux élèves de cycle 3, l’escape game doit être relativement simple dans sa structure et son contenu, et mettre en mouvement toutes les intelligences et compétences. Un assaisonnement à trouver.
En voici le secret...
L’escape game conçu par la fine équipe est assez simple dans sa structure et son contenu (cycle 3) mais très élaboré dans l’imbrication et la variété des énigmes. La scénarisation a été bien pesée pensée, en cohérence avec les objectifs pédagogiques, mais aussi très ludique : il y a une logique très prégnante au sein du jeu.
Chez S’cape, on adore le DIY [3] ! Ici on manipule, on touche, on pèse, grâce aux objets du quotidien détournés. On met la main à la pâte via la pesée, on met le four en marche. Les petites mains vont adorer.
Les concepteurs ont aussi donné de leur temps et usé de tout leur art créatif pour fabriquer une grande partie du matériel, comme les tabliers et sacs à peser, ou encore les scytales customisées avec un scratch [4], sans oublier le logo de l’escape game, qui est aussi celui de cet article [5] !
Du point de vue investissement, seuls quelques petits achats sont nécessaires : un cadenas, un pot en verre type bocal avec fermeture, une horloge, quelques accessoires type emballages... Et le tour est joué ! Pas très coûteux !
Les créateurs se sont amusés à détourner les problèmes mathématiques classiques pour créer des énigmes astucieuses… De véritables énigmes aux consignes réduites voire absentes : le grand nombre, les sacs, le four, cryptarithmétique… Certaines ressemblent tout de même à des problèmes de mathématiques classiques, mais suffisamment modifiés et impliquant de les associer à d’autres éléments. Leur imbrication favorise la réflexion et le travail collaboratif.
Le mystère du cintre est particulièrement réfléchi, d’autant que celui-ci a double emploi : support d’une autre énigme - le tablier y est négligemment accroché - et balance de fortune [6]. Signalons aussi l’originalité de l’énigme à effet miroir avec la cuillère à soupe. A lustrer avant le jeu [7] !
Le numérique n’est pas absent des ingrédients. ll parfait la recette, en support du jeu mais non en finalité, avec l’interface du four et de la recette, et deux énigmes y ayant recours. Un dosage bien équilibré pour agrémenter cet escape game ancré dans le réel.
L’intention de départ des auteurs était de créer un escape game partageable, facilement transposable. C’est chose faite. La recette du bonheur s’adapte à tout contexte scolaire. Le succès du bêta-test à l’ESPE de Tours démontre aussi qu’il est parfaitement adapté à la formation des enseignants et cadres. Son scénario - la recette d’un vrai escape game, avec tous ses ingrédients (structure, chronologie, étapes, contenu, immersion, collectif, plaisir…) - donne une bonne visibilité de ce qu’est un jeu d’évasion pédagogique, et en respecte tous les codes ou presque. On regrette un peu l’absence de puzzle et d’effets spéciaux comme la lampe UV ou la réalité augmentée… mais en même temps, c’est son apparente simplicité et sa cohérence scénaristique qui font la grande qualité de ce jeu d’évasion pédagogique.
Le final est marqué et concret pour les joueurs, enfants ou adultes, réinvestiront leurs acquis au cours de l’escape game. Dans La recette du Bonheur transparaît la notion de plaisir. Les élèves de cycle 3 ne pourront qu’apprécier réviser leurs connaissances et compétences en mathématiques, et tester les énigmes aussi variées soient-elles. L’ensemble est très esthétique, soigné, cousu conçu avec soin.
La recette du Bonheur ou comment faire des mathématiques ludiques au quotidien ? A vous de trouver les bons ingrédients et… bonne dégustation !
Quels enseignements tirent les créateurs de ce premier test grandeur nature ?
Aline : « Pour les enseignants apprendre des choses nouvelles pour les faire découvrir à ses élèves c’est sympa. Tout comme changer ses pratiques mais forcément ça prend du temps et de l’énergie. Là en groupe c’était sympa à créer et moins prenant en temps. »
Yannick : « Je testerai très rapidement le jeu que ce soit en classe ou à Éducatice. »
Christophe : « L’ensemble fonctionne bien. Il reste à le tester avec des élèves pour éventuellement créer des coups de pouce connaissances. Ils viendront compléter plusieurs coups de pouce déjà prévus, eux-mêmes sans consignes et de différents niveaux , permettant de différencier l’aide en fonction des participants. Les premiers essais avec des élèves devraient avoir lieu avant les vacances de Toussaint. Des sessions sont déjà programmées avec des équipes de formateurs et pour des conseils de cycle 3. »
Et en effet, les élèves de Christophe ont adoré se prêter au jeu de la recette !
La morale de cette histoire ? Une fois les ingrédients trouvés, la recette accomplie et la cuisson aboutie, saupoudrer de sucre glace, agrémenter de quelques fraises et c’est le bonheur assuré, une réjouissance papillaire.
Le mot de la fin pour Patrice, alias Pete Hagor… Bravo, bravo, bravo !
[1] Groupe de Réflexion et d’Expérimentation Informatique Disciplinaire.
[2] Escape game de formation créé par l’académie de Créteil en 2015.
[3] Do It Yourself !
[4] Magnifique astuce, à la fois pratique et servant d’indice pour l’utilisation d’un objet peu connu.
[5] On ne vous fait pas l’insulte de vous expliquer la référence mathématique…
[6] Retrouvez l’histoire de la création de cette énigme dans On a créé une énigme
[7] Au vinaigre blanc, sans calcaire !
le 12 novembre 2018
Scénario annoncé | ✓ |
Amorce audiovisuelle | ✓ |
Final marqué | ✓ |
Organigramme | ✓ |
Scénario convergent | ✓ |
Imbrication | ✓ |
Étapes | |
Énigmes variées | ✓ |
Fouille | ✓ |
Puzzle | ✓ |
Cadenas | ✓ |
Outils numériques | ✓ |
Décor | ✓ |
Ambiance sonore | |
Effets spéciaux | ✓ |
Consignes réduites | ✓ |
Coups de pouce anticipés | ✓ |
Débriefing anticipé | ✓ |
Check-list proposée | ✓ |
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