EPI : EndGame
Avec EPI : ENDGAME, Christophe Honthaas met en compétition ses élèves de Cinquième dans un jeu mêlant EPS, Mathématiques et SVT. L’objectif : être la première équipe à remporter les six Pierres d’Infinité [1] en moins d’une heure.
Les équipes de cinq ou six joueurs sont constituées équitablement en fonction des aptitudes sportives des élèves évaluées par leur vitesse maximale aérobie ou VMA [2].
Les épreuves d’EPS interviennent en début et fin de jeu. Ce sont de véritables défis : une course de demi-fond pour commencer et une course par équipe comme seconde épreuve.
Si dans un escape game les rôles et la répartition des tâches se mettent en place plus ou moins spontanément au cours du jeu, ici les joueurs doivent adopter une véritable stratégie en connaissant les aptitudes de chacun [3]. Ainsi chaque équipe devra choisir trois élèves pour trois courses de trois, six et neuf minutes. Ce ne sont pas nécessairement les plus rapides, mais les plus constants capables de réaliser la performance correspondant aux indicateurs travaillés durant le cycle. Pour la course par équipe, l’ensemble des membres participe pour parcourir une distance fixée.
À la fin de l’épreuve de demi-fond, les équipes récupèrent leur première Pierre d’Infinité et quatre chiffres permettant de retrouver la combinaison d’un cadenas virtuel à l’issue des épreuves suivantes.
Ces dernières correspondent à des problèmes et quiz de Mathématiques (proportionnalités, probabilités) et de SVT (effort et santé). Quatre exercices rapportant quatre Pierres d’Infinité et fournissant des indications pour retrouver l’ordre des chiffres et ainsi connaître la combinaison du cadenas virtuel. Celui-ci permet d’accéder à l’ouverture d’un coffre contenant quatre cartes BONUS.
Il y en a une par équipe. Chacune représente un super-héros Marvel (Thor, Hulk, Captain America et IronMan [4]) et apporte un pouvoir différent, utile lors de la dernière épreuve, la seconde d’EPS. Là encore les équipes devront être stratégiques, choisir la carte la plus adaptée et se répartir les tours de piste à faire. Avantage à la première équipe arrivée qui a le choix entre les quatre cartes, contrairement à la dernière équipe qui doit se contenter de la restante [5]. Dès que la distance est atteinte, la cinquième Pierre est obtenue. Il reste à réussir un exercice sur les fractions pour connaître l’ordre des Pierres de couleurs et débloquer le dernier cadenas virtuel afin de gagner le dernier joyau et remporter la partie.
Le grand jeu créé par l’équipe de professeurs du lycée Condorcet de Sydney (Australie) est très structuré dans l’espace et dans le temps, avec ses terrains délimités et ses défis chronométrés. Il tient à la fois du rallye sportif classique (les épreuves physiques), de la chasse au trésor (le cheminement linéaire et la quête balisée de pierres précieuses) et de l’escape game (des énigmes à résoudre et des cadenas virtuels à débloquer).
Si les problèmes de mathématiques constituent facilement des énigmes classiques de réflexion, les choix ici en SVT se sont portés sur des quiz de connaissances, sans lien évident avec le scénario « Marvel » de l’escape game. On regrette un peu qu’au moins une des deux énigmes ne soit pas plus... énigmatique et donc plus fun.
L’immersion est travaillée, avec la thématique des Avengers très appréciée de nombreux adolescents. Les très belles illustrations des super-héros ont été réalisées par Adi Moh Hamin, artiste et laborantin de l’établissement. L’exploitation originale de l’application Glide permet pour chaque épreuve de faire référence à l’univers fantastique des super-héros et de garder le fil de la quête, la recherche des Pierres d’Infinité. Elle offre une virtualisation des consignes de chaque défi via un QR-code, mais aussi des cadenas, en intégrant les outils créés par Lockee. On apprécie la variété proposée : cadenas directionnel, à code couleur, à digicode.
Le choix de Glide permet de limiter les interventions du game master, toujours présent toutefois (un enseignant par lieu de défi). Une version prof de l’application permet à toute l’équipe encadrante de conserver trace de la structure du jeu sur leurs smartphones, ainsi que de l’ensemble des énigmes et de leurs solutions. L’application comme support de jeu pour les élèves libère en grande partie les enseignants de l’aspect matériel, ce qui est important pour un jeu impliquant tant de mobilité. On apprécie toutefois que des objets réels (coffre, cartes) soient présents : ils ajoutent un aspect sensoriel, et l’ouverture d’un coffre est toujours source d’excitation et de jubilation. Pourquoi d’ailleurs ne pas associer un cadenas réel à ce coffre, quitte à le refermer entre chaque passage d’équipe ?
Le jeu présente une originalité pour les équipes ne réussissant pas les épreuves sportives : un rachat de temps en réalisant des burpees, des exercices de musculation. Le game master intervient alors comme dans une épreuve sportive. Cette idée pourrait être envisagée dans d’autres escape games (avec peut-être des exercices plus doux !), à la manière des coups de pouce ou des haricots imaginés par d’autres auteurs [6].
EPI : ENDGAME est un grand jeu pluridisciplinaire façon escape game avec l’appui judicieux du numérique. Les différentes compétences convoquées permettent à des élèves de profils très différents d’être mis en valeur. Nous apprécions beaucoup ce souci de différenciation, ainsi que l’originalité de cet escape game et l’exploitation du travail d’équipe.
[1] Les Pierres d’Infinité sont des artéfacts cosmiques de fiction apparaissant dans l’univers Marvel. Elles apparaissent de façon récurrente dans l’univers cinématographique Marvel (MCU) depuis 2011. Il y a à l’origine six pierres précieuses. Chacune d’entre elles procure un pouvoir particulier à son porteur si celui-ci est assez fort pour le maîtriser. Rassemblées, elles forment l’une des armes les plus puissantes de cet univers de fiction. D’après https://mcu-marvel.weebly.com
[2] Le jeu fait suite à une séquence de course de demi-fond qui a permis de déterminer la VMA de chaque élève, c’est-à-dire la vitesse à partir de laquelle la consommation d’oxygène est maximale (le rythme cardiaque ne peut plus augmenter afin de fournir aux muscles davantage d’oxygène nécessaire à leur production d’énergie).
[3] Dans un escape game, une équipe aguerrie dont les membres se connaissent peut choisir à l’avance une répartition des rôles selon les affinités et les compétences de chacun.
[4] On aurait bien aimé des super-héroïnes dans le lot !
[5] On pourrait imaginer une cinquième carte, pour que la dernière équipe ait tout de même droit à un choix.
le 10 août 2019
Scénario annoncé | ✓ |
Amorce audiovisuelle | |
Final marqué | ✓ |
Organigramme | |
Scénario convergent | |
Imbrication | |
Étapes | ✓ |
Énigmes variées | |
Fouille | |
Puzzle | |
Cadenas | ✓ |
Outils numériques | ✓ |
Décor | |
Ambiance sonore | |
Effets spéciaux | |
Consignes réduites | |
Coups de pouce anticipés | |
Débriefing anticipé | |
Check-list proposée | ✓ |