Quand les élèves se prennent au jeu !
Incarner un martyr de la Résistance, tel est le projet mené en classe de Troisième cette année dans le cadre d’un EPI avec ma collègue d’Histoire. Les élèves ont d’abord abordé la Résistance en Touraine à travers une première mission au cours de laquelle ils devaient exfiltrer un allié de la zone occupée.
Puis en cours de Français, l’objectif était d’engager les élèves dans un jeu de rôle scriptural en les faisant incarner un martyr de la Résistance. La séquence s’est déroulée selon une alternance de temps d’écriture et de temps de lecture et d’analyse de la poésie de la Résistance, de lettres… afin de pouvoir donner aux élèves un matériau solide à la création de leur personnage. Au final, ils devaient constituer un dossier contenant papiers d’identité, plan de mission, lettres d’adieux, poèmes et tout autre document accentuant la mise en scène et l’idée de clandestinité.
C’est ainsi que l’un de mes élèves, qui s’est nommé Jacob pour le projet, a décidé de pousser la mise en scène en me rendant son travail sous la forme d’une valise dont je devais d’abord trouver le code pour accéder au contenu.
L’idée m’est venue car j’aime les escape games. L’idée me semblait cohérente avec le projet car les résistants luttaient pour la liberté de manière clandestine. C’est ce que je voulais représenter dans la mallette en étant "enfermé" dans la malle.
Et le pari qu’il s’est lancé est réussi ! Une fois la mallette ouverte, ma mission ne s’arrêtait pas là. Il m’a fallu décoder des messages, fouiller les moindres recoins afin de pouvoir accéder aux documents demandés pour le projet et reconstituer l’histoire de ce résistant. À cela, s’ajoutaient des messages codés, des objets dissimulés dans des ouvrages, des documents d’époque, des citations incitant à poursuivre le combat. La correction du travail s’est donc avérée être un véritable moment d’immersion dans l’univers créé qui regroupe tous les invariants d’un escape game avec la fouille, les énigmes variées, les coups de pouce anticipés avec une feuille à ne consulter qu’en cas de besoin. Et ce fut surtout un vrai temps de jeu et de plaisir ! Plaisir partagé par Jacob dans la création de son dossier de résistant :
J’ai ressenti de la fierté à concevoir le projet, j’ai apprécié cette séquence sur la Résistance. Cela m’a appris de nouvelles choses, j’ai approfondi ce que j’avais étudié en Histoire. Avec ce travail, je trouve que j’ai rendu un devoir de mémoire pour tous ces morts, qui se sont battus pour qu’aujourd’hui on vive en paix, libres.
L’engagement prend ici tout son sens et montre que le détour par la fiction pour aborder des textes patrimoniaux aux enjeux forts peut être un bon moyen de voir les élèves s’approprier des connaissances, mais aussi développer des compétences solides et gagner en autonomie tout en prenant du plaisir.
le 17 avril 2022